Je suis résolu à engager les réformes nécessaires à la mise en place de l’école dont nous rêvons pour nos futures générations. Une école où tout enfant mauritanien trouvera l’opportunité de s’épanouir dans un contexte éducatif serein, empreint des valeurs de l’Islam et de la culture arabo-africaine. Une école, qui allie les exigences de l’authenticité aux impératifs de la modernité. Une école creuset de l’égalité et de la cohésion sociale, qui donne à chacun la possibilité, suivant son potentiel et son choix, d’acquérir les connaissances, les comportements et les aptitudes lui garantissant la réussite au plan personnel et professionnel.
La réforme que j’engagerai sera centrée sur l’élève, dont la réussite constituera l’ultime objectif, et aura comme premier allié l’enseignant, dont le rôle sera reconnu socialement, valorisé et renforcé.
Conscient que le mode de gouvernance inadapté du système contribue fortement à la faiblesse des résultats, je procèderai à la décentralisation du pilotage et la responsabilisation des différents échelons de gestion. Les recrutements des enseignants seront localisés, les capacités des inspections seront renforcées et la gestion numérique des fichiers élèves et de la carrière des enseignants sera introduite. La lutte contre l’absentéisme et le respect de la durée de l’année scolaire seront effectifs.
La qualité du service éducatif sera en permanence surveillée par une autorité nationale de contrôle de la qualité de l’éducation, créée à cet effet. La mise en place d’un mécanisme de participation des parents, des élus et de la société civile, à travers les comités de gestion des écoles qui seront généralisés et dynamisés, permettra de renforcer le contrôle citoyen de l’action publique dans le secteur.
La part des ressources nationales allouées par l’Etat au secteur sera progressivement portée à 20% du budget avant la fin de mon mandat.
Au-delà de cette panoplie de mesures transversales, chaque ordre d’enseignement fera l’objet d’un programme spécifique conformément aux orientations suivantes :
1. Au niveau du préscolaire
L’objectif sera de mettre en place un enseignement préscolaire vecteur de l’unité nationale, de la cohésion sociale et de l’égalité, en mesure de garantir aux enfants mauritaniens l’épanouissement personnel et la préparation au succès à l’école fondamentale, gratuit pour les couches défavorisées. 100.000 nouvelles places seront créées dans le cadre d’une vaste action communautaire ciblant les enfants des couches les plus pauvres. Un nouveau centre de la formation aux métiers de la petite enfance sera créé.
2. Au niveau de l’enseignement fondamental
Une extinction progressive de l’école fondamentale privée, qui accentue les inégalités sociales, sera opérée, à partir de la rentrée scolaire 2020-2021, pour laisser place à une école publique de cohésion qui renforce l’unité nationale. L’uniforme scolaire sera institutionnalisé pour lutter contre les disparités. Les curricula du fondamental seront révisés pour renforcer les notions de civisme, de loyauté à la nation, ainsi que pour garantir que tous les élèves maitrisent la lecture, l’écriture et le calcul, à la fin de ce cycle. Un programme ‘’enseignant modèle’’, qui reconnaît à l’enseignant son rôle social et valorise son métier moralement et matériellement sera engagé.
La rémunération des enseignants connaitra une augmentation très significative. Un nouveau statut sera créé pour distinguer les enseignants méritants. Les écoles des instituteurs seront renforcées, notamment par la mobilisation de formateurs de haut niveau. Leur capacité d’accueil sera doublée. Une nouvelle école d’instituteurs sera créée à Kiffa. Les enseignants en exercice seront évalués et formés. 6000 nouveaux enseignants seront recrutés et 3500 salles de classes construites pour accueillir les nouveaux élèves et réduire la pléthore des classes dans les grands centres urbains. La carte scolaire sera révisée de façon rationnelle pour réduire le nombre des écoles incomplètes. La politique de gestion du livre scolaire sera révisée pour que chaque élève, où qu’il soit, dispose des manuels scolaires et les opportunités offertes par les TICs seront exploitées pour le rendre plus accessible.
3. Au niveau de l’enseignement secondaire
La capacité d’accueil de l’enseignement secondaire sera élargie et sa qualité améliorée pour que son premier cycle complète une éducation de base obligatoire de 9 ans et pour que son second cycle, à travers une reforme de ses curricula, prépare à la fois à la poursuite des études et à l’accès à la vie active. La formation des professeurs et leurs rémunérations seront améliorées et leurs effectifs augmentés. Des dizaines de nouveaux établissements seront construits. Pour lutter contre la déperdition scolaire, notamment des filles, diverses mesures d’amélioration de la rétention et de la qualité des apprentissages seront entreprises : construction d’internats, ouverture de cantines scolaires, distribution des bourses et transport scolaire.
4. Enseignement technique et professionnel
Pour faire de notre enseignement professionnel un vecteur d’insertion et un pourvoyeur de l’économie en main d’œuvre qualifiée, je bâtirai un partenariat gagnant-gagnant avec le secteur privé pour développer la formation en alternance entre l’école et l’entreprise et la création d’un large dispositif d’apprentissage et de formation qualifiante.
L’essor que connaissent les secteurs porteurs de l’économie sera accompagné par diverses mesures permettant à 40.000 jeunes mauritaniens de suivre une formation professionnelle de qualité. Soit le double de la capacité actuelle aujourd’hui :
• Les filières de formation de l’académie navale et de ses centres de formation seront diversifiées et sa capacité d’accueil augmentée à travers de nouvelles unités de formation pour répondre aux besoins crées par les nouvelles infrastructures portuaires et de transformation à Nouadhibou, Tanit, Nouakchott et N’Diago.
• L’Ecole Nationale de Formation et de Vulgarisation Agricole sera dotée d’antennes et d’unités de formation mobiles pour assurer un large dispositif de vulgarisation et de formation professionnelle de proximité pour les ouvriers des secteurs de l’agriculture et de l’élevage.
• Un Institut des Technologies Industrielles sera créé pour offrir aux jeunes mauritaniens des opportunités d’insertion dans des emplois de qualité et fournir la main d’œuvre hautement qualifiée disposant de brevets et certificats qu’exige l’exploitation des ressources gazières et pétrolières et la diversification des activités minières. Un Institut de formation aux standards internationaux sera créé dans le domaine du BTP à Ryad – Nouakchott.
• Un institut Supérieur de formation dans les nouveaux métiers des Technologies de l’Information et de la Communication, du commerce et des services sera créé à Nouadhibou pour répondre aux besoins de la zone franche.
• La qualité de la formation dans toutes les filières sera améliorée par la création de 3 centres de développement des compétences dans les domaines de l’industrie, du BTP et des services. Ces centres permettront d’assurer la formation des formateurs et de développer les outils didactiques et pédagogiques.
5. Enseignement supérieur
Les réalisations dans le domaine de l’enseignement supérieur seront poursuivies pour faire face à la forte demande issue du secondaire, d’une part, et de la diversification de l’économie, d’autre part, et ce à travers :
• La diversification des filières de formation, en particulier courtes permettant aux jeunes d’accéder rapidement à des emplois de qualité, par l’exploitation optimale des capacités du campus de Nouakchott et celles des Instituts Supérieurs relevant de l’Université Assriya ;
• L’augmentation de la capacité d’accueil de l’école polytechnique et de ses instituts pour couvrir les besoins de nouveaux secteurs ;
• La création de 3 nouveaux instituts pour les métiers d’avenir : nouvelles technologies, marketing, commerce, management, etc.
• L’extension des capacités de l’ISET de Rosso pour faire face à l’augmentation de la demande en emploi de niveau supérieur dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de l’agroalimentaire.
• L’ouverture d’une école des hautes études de commerce
• Mettre en place les mécanismes permettant aux professeurs de l’enseignement supérieur de bénéficier de la révision du système des retraites dès que les mesures juridiques et institutionnelles nécessaires sont en place.
6. Recherche scientifique
Dans le domaine de la recherche scientifique, les capacités d’accueil des écoles doctorales seront progressivement augmentées. Des mesures d’incitation seront prises pour encourager le secteur privé à investir dans le financement de la recherche scientifique, notamment appliquée. Le Conseil Supérieur de la Recherche et l’innovation sera opérationnalisé. Un fonds de financement de la recherche scientifique et de l’innovation sera créé.